Il est pris ou il est prit : ne vous trompez plus jamais

Main écrivant le mot pris sur un carnet blanc naturel

Oubliez la logique du nombre ou du genre : ici, une seule lettre change la donne et décale toute la temporalité du récit. « Pris » ou « prit » : cette oscillation qui paraît anodine sur le papier fait trébucher jusque dans les couloirs feutrés des administrations. Les erreurs se glissent dans les comptes rendus, s’insinuent dans les discours, et brouillent la clarté du propos, même chez les plus avertis.

Impossible de s’en tenir à une préférence personnelle : ce choix ne tolère aucune improvisation. Derrière la confusion, une règle limpide, mais exigeante. Chaque faute de terminaison n’est pas une simple coquille : elle déplace le temps de l’action, brouille la chronologie, ou vide la phrase de sa netteté.

Pourquoi tant d’hésitations entre « pris » et « prit » ?

L’alternance entre « pris » et « prit » fait trébucher même les rédacteurs avertis. La ressemblance à l’oreille semble anodine, mais à l’écrit, elle piège toute distraction. La langue française traîne de vieilles cicatrices grammaticales, qui multiplient les occasions de confondre deux formes pourtant bien distinctes.

Pris, c’est le participe passé du verbe « prendre » : il vient toujours avec l’auxiliaire « avoir » (« il a pris », « tu as pris », « nous avions pris »). Prit appartient au passé simple, limité à la troisième personne du singulier : « il prit », « elle prit ». Sur le papier, la différence paraît limpide, mais elle se brouille dès que l’automatisme de l’oral prend le dessus ou que la rédaction accélère. Cette confusion glisse sans bruit jusque dans les documents qui exigent rigueur et précision.

Ce n’est pas simplement une question d’étourderie ou d’usage : on parle bien d’une faille dans la maîtrise de la conjugaison. Utiliser « pris » à la place de « prit », ou l’inverse, c’est décaler la chronologie, c’est casser la cohérence de l’action. Pas étonnant que cette faute fasse grimacer les enseignants et hérisse le poil des correcteurs pros. Amener de la clarté dans ses écrits impose de respecter ces nuances.

Pour mieux cerner d’où vient le flottement, deux causes principales se détachent :

    Deux pièges rendent la confusion entre « pris » et « prit » particulièrement tenace :

  • Leur sonorité quasi identique, alors que le passé simple disparaît peu à peu de l’oral.
  • Les inattentions surgissent lors de rédactions rapides, laissant la porte ouverte aux inversions.

La règle expliquée simplement : comment distinguer les deux formes

Penchez-vous un instant sur la conjugaison de « prendre » : deux formes, deux usages. Pris s’utilise toujours comme participe passé, accompagné de l’auxiliaire « avoir » dans la phrase : « elle avait pris », « ils ont pris ». La seule variation concerne l’accord au féminin (« prise ») ou au pluriel (« pris », « prises ») quand il y a un mot auquel raccrocher cet accord.

Prit s’emploie uniquement au passé simple, et seulement pour la troisième personne du singulier (« il prit », « elle prit »). Vous croiserez cette forme littéraire dans les récits historiques, les romans ou les textes à saveur classique. Le passé simple, comme le rappelle l’Académie française, désigne une action totalement révolue, coupée du présent.

    Pour distinguer rapidement « pris » de « prit », gardez en tête ces points :

  • Pris : participe passé, employé avec « avoir » et parfois accordé (« une décision prise »).
  • Prit : passé simple, réservé à « il/elle/on » sans jamais varier.

Il n’existe aucune entorse à cette règle : « pris » suit l’auxiliaire, « prit » jamais. Dès qu’on tombe sur « prit » dans une phrase littéraire ou un récit, il s’agit du passé simple, pur et dur.

Un indice imparable : seul le participe passé « pris » s’accorde au féminin en devenant « prise ». La forme « prit » reste toujours la même ; elle ne varie pas, peu importe le sujet.

Des exemples concrets pour ne plus jamais se tromper

Appuyez une règle avec des exemples, et tout s’éclaire soudainement. Pour différencier « pris » et « prit », regardez comment la terminaison change selon le temps ou l’auxiliaire. Quelques phrases suffisent à saisir la nuance :

    Situations où le bon choix saute aux yeux :

  • Participe passé : « pris »

    , Il a pris la décision sans consulter son équipe.

    , Les mesures prises ce matin seront appliquées dès demain.

    , Elle avait pris le train de bonne heure.

  • Passé simple : « prit »

    , Il prit son manteau et sortit sans un mot.

    , À cet instant, elle prit conscience du danger.

Dès qu’il s’agit de locutions courantes comme « prendre la fuite » ou « prendre du recul », soyez attentif : la bonne forme au passé composé est toujours « pris » (« il a pris la fuite »). L’erreur la plus fréquente ? Glisser un « prit » derrière « a » ou « avait », alors que cette combinaison n’existe jamais.

La présence d’un auxiliaire doit vous alerter tout de suite. « J’ai pris », « tu avais pris » : participe passé. « Il prit » : passé simple, aucun auxiliaire à l’horizon.

Tableau blanc en classe avec pris et prit visibles

Petites astuces pour retenir la bonne orthographe au quotidien

Entre « pris » et « prit », il existe des repères simples à adopter pour ne plus hésiter. Gardez le réflexe « j’ai pris, comme j’ai fini » : le participe passé de « prendre » suit la même logique que celui de « finir ». Dès que « avoir » accompagne le verbe, la terminaison s’écrit avec un « s ».

À l’inverse, dès que vous tombez sur une narration littéraire : « il prit », « elle prit », vous êtes face au passé simple. Règle d’or : « prit » ne suit jamais « avoir ». Demandez-vous si la phrase raconte un événement terminé dans un récit, ou si elle s’appuie sur un temps composé. Cette distinction règle la majorité des doutes.

    Pour rester vigilant, mémorisez ces deux repères :

  • L’auxiliaire « avoir » exige toujours « pris ».
  • Le passé simple sans auxiliaire, c’est « prit » à la troisième personne du singulier.

Les correcteurs de texte numériques peuvent aussi repérer ces confusions en un clin d’œil, et s’interroger deux secondes sur l’accord du participe passé suffit parfois à détecter l’anomalie avant de valider un mail ou un rapport.

En s’armant de quelques habitudes, on finit par écarter cette hésitation. La maîtrise de cette distinction ne relève pas du miracle ; elle réhabilite la netteté du propos, et donne à chaque phrase sa juste temporalité. Impossible, dès lors, de confondre l’action et le récit : le mot « pris » ou « prit » prend naturellement sa place, et votre message retrouve toute sa précision.

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